Le nouveau programme de déploiement de l'ADSL sur le pays du Haut-Doubs

Interview de Dominique DELAVENNE, Directeur Commercial de France Telecom pour la Franche-Comté

CBE : quelles sont les conséquences pour la Franche-Comté du plan annoncé en juin dernier par le PDG de France Teleco (voir actu du 18/06/2003) ?

D.D. : la première conséquence est que, d'ici fin 2005, France Télécom équipera en ADSL la totalité des répartiteurs de plus de 1000 lignes en ADSL (soit environ 2000 habitants par répartiteur).

De plus, France Télécom s'engage à ouvrir dans les meilleurs délais des accès ADSL dès que 100 clients d'une même zone de desserte en feront la demande, avec un système de réservation mis au point avec tous les fournisseurs d'accès à Internet et les collectivités locales.

Pour les clients isolés, entreprises, collectivités ou particuliers, une offre Internet haut débit par satellite sera disponible dès la fin de l'année. Il est important de préciser que cette offre sera bidirectionnelle, c'est à dire que le signal montant et le signal descendant se feront tous les deux via le satellite.

Enfin, France Télécom lance une série d'expérimentations de technologies alternatives haut débit pour répondre, en tout lieu, à la demande de ses clients (exemple satellite+Wifi)

CBE : pour des zones à dominante rurale comme dans le Haut-Doubs, la population est très diffuse et située souvent à plus de 5 km des répartiteurs. Peut-on espérer une augmentation de la portée de l'ADSL ?

D.D. : effectivement, en 2004 un changement de fréquence devrait permettre d'augmenter la portée de l'ADSL de 500 m dans certains cas. Certaines communes qui étaient peu ou pas desservies jusqu'à présent, pourraient se voir inclure plus largement dans la zone de desserte. Cependant, pour l'instant ne pouvons pas établir avec certitude combien d'utilisateurs supplémentaires seront concernés.

Nouveau calendrier du déploiement de l'ADSL sur le pays du Haut-Doubs

Avertissement : ce programme concerne uniquement les cantons de Levier, Montbenoît, Mouthe et Pontarlier. Il est purement indicatif.

* hors zone CBE mais désserte de Villeneuve d'Amont

L'analyse du CBE concernant le déploiement de l'ADSL

La nouvelle stratégie de France Telecom constitue une avancée majeure pour le haut débit dans le Haut-Doubs. Cela permettra concrètement à notre territoire de voir passer sa couverture en ADSL de 41% à 68% d'ici à fin 2005 (cf. tableau), voir quelques % de plus avec l'augmentation de portée de l'ADSL.

Elle va dans le sens des préconisations du comité de pilotage des technologies de l'information et de la communication dans le Haut-Doubs qui avait considéré dès 2001 que l'opérateur historique était le mieux placé pour permettre le déploiement, dans de bonnes conditions, du haut débit sur notre territoire.

Reste toutefois 16% des lignes principales qui auraient pu être ADSLisées ne le seront pas avant dans la mesure où elle relèvent d'un répartiteur jugé trop petit pour être rentable. Par définition, le seul des 100 abonnés nécessaires pour l'équipement d'un répartiteur non planifié dans le programme initial, sera difficile à atteindre.

Le satellite tombe enfin du ciel chez France Telecom

Sur les cantons de Levier, Montbenoît, mouthe et Pontarlier, 1 abonné sur 3 ne pourra donc pas avoir accès à l'ADSL, du moins pas avant 2006. Depuis maintenant plus d'un an, un certain nombre d'offres satellites bidirectionnelles ont été commercialisées en France, généralement par des opérateurs européens.

L'offre de base de France Telecom, très attendue, comportera 4 classes de débit de 128 à 2048 kbit/s descendant et 64 à 512 kbit/s montant, avec choix du fournisseur d'accès (FAI) à partir de 95 euros HT par mois, et jusqu'à 550 euros HT par mois, en fonction du débit choisi.

En fonctionnement, c'est au minimum trois fois plus cher que l'ADSL à service équivalent. Quant aux frais d'installation, la technologie bidirectionnelle nécessite un équipement spécifique et un pointage très précis de la parabole. L'installation risque donc d'être coûteuse (l'on parle de 1400 à 2000 € HT, ce qui est dans la moyenne des tarifs constaté chez les concurrents).

Une offre pour les TPE/artisans/commerçants est également en cours de finalisation avec des débits plus faible et peut-être des frais d'installation plus réduits.
La venue de l'opérateur historique sur ce marché crédibilise enfin cette solution très séduisante mais qui demeure malheureusement relativement onéreuse pour des raisons tant techniques (difficulté de l'installation) que commerciales (il s'agit d'un marché de niche et France Telecom ne veut pas concurrencer en interne son offre ADSL). Elle s'adresse donc principalement aux PME, entreprises et collectivités locales (mairies, collèges, bibliothèques…) ainsi qu'à un petit nombre de particuliers aussi passionnés qu'aisés. Elle a toutefois le mérite de permettre à l'opérateur historique de proposer enfin une solution de couplage Satellite / WiFi qui pourrait répondre aux besoins des communes isolées.

L'alliance du Wi-Fi et du satellite pour nos villages ?

Le Wi-Fi est une technologie d'échanges de données informatiques par ondes radios. Initialement conçue pour un réseau local d'entreprise ou pour connecter plusieurs bâtiments entre-eux. La progression constante des débits, de la portée et de la sécurité permet aujourd'hui au Wi-Fi de concurrencer les technologies de télécommunication… à des coûts bien moindre !

Dès le début 2003, dans le cadre de sa mission de veille technologique, le CBE a étudié, lors d'une réunion du Bureau la possibilité de coupler un accès satellite bidirectionnel à un point d'accès Wi-Fi afin d'assurer la désserte en haut-débit d'une commune rurale. Les simulations que nous avons effectuées ont démontré qu'une installation autogérée pouvait s'amortir à partir de 20 utilisateurs sur une même commune, cela sans aucune subvention publique.

Le problème était de trouver un opérateur satellite capable de garantir une certaine qualité de service. L'arrivée de France Telecom sur le marché de l'accès haut débit par satellite constitue donc un élément plutôt positif, d'autant plus que l'opérateur annonce déjà son intention de coupler son offre satellite… à une offre Wi-Fi pour une desserte locale.